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En mémoire de Karmele Igartua*

Dans le noir le plus profond

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1

Nous sommes arrivés à la frontière,
à l’impossible union de là-bas et d’ici
depuis la petite anfractuosité entre des pierres dans un grand silence
dans l’espace vide qui semble creusé.

Et c’est toujours ainsi
-comme dans le quotidien-.
La poésie parfois s’envole comme l’air
après avoir éteint le feu,
d’autres fois les noirs s’arrêtent à la frontière entre la France et l’Espagne,
sur le passage au-dessus de la Bidassoa,
voulant comprendre ce qui rend impossible ce passage,
dans le malheur total de ne pouvoir vivre nulle part,
ils préféreraient, comme une hirondelle, traverser le gué en volant,
et aussi, siffloter comme les mouettes au bec rouge.
 
Et elle est toujours ainsi la frontière
-comme dans le quotidien-.
Certaines nuits, arriver au phare,
c’est le saut du temps, métaphore vide et silencieuse,
et depuis nos rêves nous commandons à notre horloge biologique
qu’un rayon de lumière ne déchire pas le jour,
que le chant matinal du merle ne trouble pas le silence.

Et elle est toujours ainsi la frontière
-comme dans le quotidien-.
Même si contre l’océan elle est bien construite
comme la muraille de la baie de Fontarrabie,
les canons du bord de mer d’Hendaye,
je ne sais, ne montrent que la protection impossible.
Un mur contre l’océan pourrait nous en protéger,
mais seulement jusqu’au dernier passage de l’océan.
 
Et elle est ainsi, toujours, la frontière au quotidien
et notre esprit se met à regarder le phare.
Le fil de lumière
exprime l’absence de fil pour les amours les plus sombres
car il ne peut traverser la petite anfractuosité entre les pierres
il ne le pourrait par le trou d’une aiguille,
ni même par le souffle d’un soupir.
 
A la frontière un silence contraire répond toujours
à chacun de nos vœux, invitations et souvenirs
et c’est ainsi que nous déposons à la frontière,
chaque jour, tes
paroles dans les cicatrices.

2

A la frontière sans bord,
installés entre réveil et sommeil,
libres, entre sommeil et rêve,
nus, entre rêve et réalité,
ou entre la réalité et l’impossible à réaliser,
elle est dans un tremblement

cette anfractuosité
ce rayon clair ou sombre
 
et
il va entre cette minuscule et véritablea nfractuosité
cet instant, empêtré dans l’écheveau du temps,
celui qui vit dans la frontière sans bord.

Sur les ailes des hirondelles du temps.

*Karmele Igartua (1959-2010) écrivaine et poète de Bergara (Gipuzkoa)

Tere Irastortza Garmendia
traduction: L. Etxezaharreta

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